#ChallengeAZ
« Quoi !? un cimetière interdit !!?? Mais comment est-ce possible ? »
Nous sommes toujours à Bassuet, lieux de vie de mes arrières grands-parents, Marie Charles Alfred BATY et Claire Albertine MARCHAL.
Comme dans chaque commune de France, ce petit village détient son monument aux morts, signe de respect et honneur aux soldats français tombés sur les fronts des différentes guerres ayant marquées notre pays. Fort heureusement, aucun de nos ancêtres ne figure sur celui-ci, pourtant il porte les stigmates du passé et les blessures des familles touchées par le deuil.
Et là, juste derrière, se trouve un autre monument, usé par le temps mais qui me laisse dans l’ interrogation : un Cimetière interdit représenté par une croix surplombant un socle.
Ce monument a été érigé en 1860 à l’emplacement même du cimetière de cette époque, à proximité de l’église, pour rendre hommage à la mémoire des habitants de Bassuet qui ont péri en 1832.

Monument du Cimetière Interdit – photo personnelle 
Monument érigé en 1860 – Photo personnelle 
à la mémoire des habitants inhumés dans ce cimetière interdit en 1832 – Photo personnelle
Il faut savoir qu’au XVIII -ème siècle, on s’attache à éloigner les morts des lieux de vie. A cette fin, on prévoit de déplacer les anciens cimetières à l’extérieur des agglomérations et de nouveaux cimetières sont ouverts aux portes des villes et des villages. Il s’agit concrètement de respecter de nouvelles mesures d’hygiène et d’empêcher les épidémies. Progressivement les cimetières ne sont plus administrés par l’Église et le pouvoir religieux mais par l’autorité municipale. Ainsi vers 1770, les autorités décident de déplacer les cimetières à l’extérieur des villes pour les soustraire à la putréfaction, de les entourer de murs, d’interdire le creusage de puits à proximité pour des raisons de salubrité publique.
« Mais pourquoi 1832 ? Et pourquoi l’appeler cimetière interdit ? »
En effet, Sydney, très bonnes questions.
Il s’avère qu’en 1832, la France est touchée par une monstrueuse épidémie de Choléra.
L’épidémie touche d’abord le nord-est du pays puis en mars, les premiers cas sont signalés à Paris. De mars à septembre 1832, l’infection (une bactérie) provoque la mort de 18.400 personnes à Paris, faisant passer le nombre des décès enregistrés annuellement de 25.500 à plus de 44.000. Sur l’ensemble du territoire français, plus de 100.000 personnes sont fauchées par le choléra. La pandémie qui a son origine au Bengale (sous administration de la couronne britannique), s’éloigne de la France en 1834, après avoir causé des ravages dans tout le pays.
Bassuet n’y échappe malheureusement pas. A cette époque les épidémies sont nombreuses et récurrentes. La légende dit que c’est une femme partie aidée sa fille sur Vitry-le-François qui aurait, en revenant avec du linge souillé, ramené le cholera sur la commune. Pour éviter la propagation, il a été décidé d’interdire les inhumations dans le cimetière situé à coté de de l’église et de porter en terre les morts sur les extérieurs de la commune. Afin de leur rendre hommage, la commune a érigé un monument à cet emplacement, qui fut au départ une simple croix. Puis, par des souscriptions privées, celui-ci fut refait tel que l’on peut le voir maintenant . Au coeur du socle se trouve un rouleau métallique contenant la liste de tous les donateurs.
En 1832, on compte 25 décès sur Bassuet contre 14 l’année précédente et 10 l’année suivante sur un total d’environ 730 habitants recensés pour la période.
Cette épidémie explique les 18 décès recensés dans notre généalogie sur toute la France pour cette année 1832.
« Que c’est triste mais avec ce monument, Bassuet n’oublie pas ses anciens et la France garde en mémoire cette tragédie. »
« Et demain ? Tu proposes quoi ? »
La Lettre D arrive ! D comme … Demain est un autre jour !
Je n’ai pas plus de décès cette année que les autres, par contre mes ancêtres ont été plus touchés par le choléra de 1854 (https://alarencontredenosancetres.over-blog.com/2022/01/rdv-ancestral-n-4-face-a-l-epidemie.html)
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Le titre de l’article parait bien mystérieux. La réponse est terrible !
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Gloups, j’ai 59 décès cette année-là dans mon arbre dont 7 sosa (dont un couple à une semaine d’intervalle) !
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Merci Christelle, j’ai 26 morts dans mon arbre pour 1832, je vais creuser !
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Merci pour cette article très intéressant qui incite à aller voir les registres des communes de mes ancêtres en 1832.
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