P comme … Plaque Commémorative

#ChallengeAZ

Petit retour à Bassuet, village marnais à quelques kilomètres de Vitry-le-François, pour la suite de notre visite.

Forte de ses souvenirs, ma maman me guide dans les quelques rues silencieuses. Une bâtisse se dresse devant nous : Il s’agit de l’ancienne école des garçons qui fut également l’ancienne mairie.

C’est ici que notre grand-père Roland BATY a appris les rudiments des mathématiques et de la lecture. Son écriture n’était pas très sure mais il devait être bon élève puisqu’il a eu son certificat d’études primaires en 1945, malgré les affres de la guerre.

Pour la petite histoire, le certificat d’études primaires est instauré par la loi du 20 août 1866, laissant à chaque conseil régional le soin de mettre en place les modalités pratiques de cet examen. Puis il se généralise avec la loi Jules Ferry du 28 mars 1882 qui stipule dans son article 6 : « Il est institué un certificat d’études primaires ; il est décerné après un examen public auquel pourront se présenter les enfants dès l’âge de onze ans. Ceux qui, à partir de cet âge, auront obtenu le certificat d’études primaires, seront dispensés du temps de scolarité obligatoire qui leur restait à passer. «  Ainsi, involontairement il signifiait l’arrêt des études et l’entrée dans le monde du travail.

« Mais quel est le rapport avec la plaque commémorative dont tu nous parles dans ton titre ? »

Sur le fronton de la bâtisse existe deux plaques que voici :

Le 5 mai 1889 le conseil municipal de la commune de Bassuet et la population ont déposé une plaque commémorative du centenaire de 1789. En dessous de celle-ci, une autre plaque stipule l’agrandissement du territoire de Bassuet selon la loi du 1er avril 1888 signé Carnot sous l’administration de Haudos Ulysse Maire et de tous ses conseillers municipaux.

J’ai donc voulu en savoir un peu plus.

« Toujours aussi curieuse !! »

Analyse de la première plaque :

La date du 5 mai 1889 est très explicite car c’est l’ouverture de l’Exposition Universelle Internationale à Paris.

Mais c’est aussi la célébration des cent ans de l’ouverture des États généraux de 1789, le 5 mai 1889. Que reste-t-il du soulèvement de la nation et de l’instauration des principes de 1789, repris par toutes les constitutions ? Il est bien difficile d’en voir les applications dans la réalité de la vie même si celle-ci s’est améliorée avec l’avènement des sciences, de la médecine, des arts, de l’industrie et du commerce. Ce fut un siècle où la vie politique s’est quelque peu figée et où la devise « Liberté, égalité, fraternité » peine à être appliquée. En cette veille des élections législatives qui auront lieu quelques mois plus tard, les citoyens sont autour de cette plaque pour se rappeler le souvenir de leurs ancêtres, de leurs combats et de leur fierté d’être des citoyens français.

« la situation d’aujourd’hui est-elle le reflet de celle d’il y a 134 ans…? »

Cette question est pertinente mais hors sujet très cher Sydney, chacun se doit d’avoir son opinion sur la situation du pays et faire entendre sa voix au moment des élections.

« A quoi correspond la loi du 1er avril 1888 ? »

Analyse de la seconde plaque : D’après mes recherches et grâce à l’entraide généalogiste existante sur les réseaux, j’ai retrouvé le rapport du procès-verbal de la séance du 12 juillet 1888 du Sénat selon lequel, celui-ci est chargé d’examiner le projet de loi tendant à retirer une certaine portion du territoire de la commune de Lisse pour l’annexer à la commune de Bassuet.

Il s’avère que la dite loi est officiellement publiée au JO le 1er Aout 1888 par le président Marie François Sadi Carnot, plus souvent appelé Sadi Carnot, président de la République du 03 décembre 1887 à sa mort le 25 juin 1894.

« Oh !! La boulette !!! Il se sont trompés dans la date sur la plaque ! »

Tu as l’œil Sydney, effectivement, c’est flagrant : la date est erronée !

Pour bien comprendre cette loi, il faut savoir que le périmètre délimité est une zone enclavée, peu accessible et peu surveillé par les gardes champêtres de Lisse car distante de près de 3 kilomètres alors que cette même zone est à, à peine 500 mètres de Bassuet. De plus, cela fait une enclave entre Bassuet et une autre commune attenante, Saint-Lumier.

« Mais alors, faut faire une réclamation en mairie pour faire corriger tout ça !! Allez hop, hop, hop !! »

Pas si vite, je vais d’abord prendre contact avec la mairie pour savoir si il est possible d’avoir accès aux délibérations du conseil municipal des mois suivants l’installation de cette plaque. Cela permettra de vérifier si l’anomalie avait déjà été relevée et ce qu’il en est ressorti des débats. Nous verrons où nous mène cette petite enquête.

En attendant Hop, hop, hop : Au lit !

« A lundi pour la lettre Q comme…Qu’est ce qui va nous tomber dessus la semaine prochaine ?? »