#RDV Ancestral – Dec 2020
Un #RDVAncestral, ça s’affine pendant plusieurs jours, ça se construit mentalement, mais ce n’est pas si simple. Le principal élément est qu’il faut savoir qui nous allons rencontrer. Ce choix n’est pas anodin.
Afin d’avoir quelques pistes intéressantes, j’ai posé la question à la famille : Avec qui aimeriez-vous passé un instant ? Les réponses ont été riches et variées. Cela m’a donné à réfléchir.
Et puis un soir, au moment où le sommeil vous emmène dans le monde des rêves, où votre inconscient prend le contrôle, moi le mien, il m’a soulevé du monde réel…
Me voilà transportée chez ma cousine, Emilie. On ne se voit que lors des grandes occasions mais pourtant si on en avait l’occasion et le temps, on se verrait bien plus souvent. Ses enfants sont adorables. Son petit gars s’appelle Jules. Tiens Jules, toi qui es né dans le XXI ème siècle, aimerais tu connaitre un jeune homme qui est ton homonyme ? Il me regarde d’un air interrogateur mais ma cousine, elle, est plutôt curieuse.
Viens je t’emmène pour te le présenter. Regarde à travers cette fenêtre, tu le vois, ce jeune homme au regard décidé, fonceur, ce jeune homme c’est Jules Gaston KOCH. Nous sommes en 1914, le 18 Décembre exactement, en pleine campagne normande, et Jules remplit un baluchon avec ses maigres effets personnels.
« Mais pourquoi fait-il donc cela » me demande-t-elle ?
« Il se prépare à rejoindre ses camarades pour partir au front. »
« Alors il va aller à la guerre là ? -Et oui, visiblement il va y partir… »
Mais…Mais il n’a même pas 20 ans !!!
Stupéfaite, ma cousine me voit rentrer d’un pas précipité dans la maisonnée de Lammerville où je vois une femme vieillit, en larmes, sur une chaise à côté de la cheminée, éteinte, elle chiffonne un torchon entre ses doigts et elle pleure toutes les larmes de son corps. Elle me fait de la peine, Louise Sidonie BOUST mais je la comprends. Déjà 3 de ses fils sont partis, et rien qu’à l’idée de perdre son 4ème et tout jeune garçon, elle est détruite. Je longe l’évier de la cuisine et pousse la lourde porte qui mène à la chambre. Ma cousine me suit, larme à l’œil.
« Va donc soutenir la mère qui n’arrête pas de pleurer au lieu de venir de déranger », entend je.
« Mais, d’abord, dis-moi pourquoi ? pourquoi tu fais ça ? »
«Pourquoi ? Mais simplement parce qu’ils ont besoin de moi, voilà pourquoi : c’est mon devoir. »
Que dire de plus. Jules GASTON Koch, né le 06 Avril 1895 est allé rejoindre les rangs de l’armée. Enregistré à Bacqueville sous le matricule 1316, il doit rejoindre la place de la mairie où un convoi est prévu pour incorporer dans les prochains jours le 169eme Régiment d’infanterie. Du haut de son 1.62m, ses cheveux châtains fraichement coupé et ses yeux bleus montrent un homme prêt à combattre avec une haine certaine pour son ennemi, l’ennemi de la patrie. Comme beaucoup, il pense partir pour un conflit court, violent et victorieux. Comme beaucoup, il est convaincu de livrer une guerre juste qui permettra de récupérer les départements alsaciens et la Moselle perdus en 1871. Il est prêt à se sacrifier pour son pays.
Ma cousine me chuchote : «Il ressemble à mon fils !! Mais il faut l’en empêcher de partir, le retenir !! »
Malheureusement, non. Mon Dieu, je ne peux pas lui dire qu’il court vers sa perte, qu’il mourra le 13 juin 1916, quelque part, du côté de Saint-Etienne. Il finit son baluchon, regarde une dernière fois sa convocation et va retrouver sa mère qui l’attend toujours près de la cheminée. Malgré l’émotion et la tristesse de la séparation, il est convaincu d’accomplir son devoir. Il l’embrasse, la rassure une dernière fois et s’en va vers le chemin en remontant le col de sa veste, ce chemin qui l’emmène à sa perte. Il passe à côté de nous et instinctivement nous regarde.
« Prends soin de toi » murmure-t-il comme s’il se donnait ce propre conseil.
Son regard croise le mien, et je vois au fond de ses yeux, une larme qui tombe et se givre sur sa joue. Sent-il qu’il ne reverra jamais sa mère, ses frères et ses pâturages normands. D’un revers, il efface cette faiblesse et se met en route vers son avenir. J’ai tant envie de le retenir mais on ne peut changer le passé.
« On rentre j’ai froid », me dit ma cousine, en larmes.
« Oui on rentre »
A 100 ans d’intervalle un jeune Jules KOCH donne sa vie à la liberté de la France quelque part loin de ses terres et de sa famille tandis que ma cousine Emilie met au monde un petit garçon au doux nom de Jules KOCH.
Alors à Toi, petit Jules, petit bonhomme insouciant aux cheveux châtains et aux yeux bleus, sois fier d’être un KOCH, d’avoir dans tes veines la force et les valeurs des normands !!

Belle entrée dans l’aventure du #RDVAncestral !
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