52 Semaines pour nos découvrir 52 Ancêtres : 52 Poilus à l’honneur #52S52A
Introduction : https://aucoeurdupasse.com/2024/01/01/52-semaines-52-ancetres-nos-poilus-a-lhonneur/
Après un départ chaotique dans la vie, il avait trouvé un sens à sa vie …. mais bien trop tard.
Paul Germain JOUIN suit la lignée familiale et devient, comme ses frères et son père bien avant, journalier, offrant ainsi ses bras et ses compétences dans les fermes dunoises et bonnevalaises environnantes . De la classe 1905, il est bon pour le service qu’il effectue au sein du 102e Régiment d’Infanterie à partir du 07 Avril 1906.
Paul Germain n’est pas un mauvais garçon mais il fait de mauvais choix et, si ses fréquentations ne sont pas les meilleures, les conséquences, elles, tombent comme des sentences :
Par 2 fois, il est condamné par le tribunal de Châteaudun : à 2 jours de prison pour bris de clôture le 22 mars 1905 puis à 2 jours de prison et 16 francs d’amende pour ivresse en récidive sur la voie publique.
Malgré tout, il obtient son certificat de bonne conduite à la fin de son service le 25 octobre 1908.
Mais de nouveau en 1913, il est condamné pour ivresse en récidive à 8 jours de prison et 50 francs d’amende.
L’alcool est un mal familial visiblement ( souvenez vous de son frère : https://aucoeurdupasse.com/2024/06/14/52s-52a-semaine-24-jules-francois-jouin/ )
Mais Paul Germain se rachète une conduite et reprend le bon chemin d’une vie saine, ce qui le mène à Rosalie Emilie LAGRUE, la mère de sa belle-sœur, qu’il épouse le 13 juin 1914 à Châteaudun (28).

La « Minute Familiale » : Rosalie Emilie LAGRUE épouse en secondes noces Paul Germain. Celle-ci est veuve depuis le 1er juillet 1913 et vient d’accoucher du dernier enfant de son défunt mari le 18 Mars 1914 à l’hôpital de Châteaudun, alors qu’elle est déjà âgée de 42 ans. Il n’y a aucun lien de parenté à proprement parlé entre les époux puisqu’il n’y a aucun lien de sang entre eux, ni aucun descendant les unissant. Néanmoins pour l’époque, cela reflète surtout le besoin impérieux d’offrir à cette famille déchue d’un père, une présence masculine et souvent le second lien marital se faisait au sein de membre de la même famille afin que la femme ne soit pas seule à subvenir à ses enfants. En 1914 , Rosalie Emilie LAGRUE est déjà grand-mère de 4 petits-enfants. |
Parcours militaire – Bataille des Eparges
Malheureusement, il ne profitera de son bonheur qu’un mois et demi, car il se doit de répondre à l’appel de la Mobilisation générale du 1er Aout 1914.Il re joint donc le 102eme régiment d’infanterie avec le sentiment que ce ne sera que l’affaire de quelques mois et après il pourra retourner à la ferme auprès de sa belle. Parti aux armes le 09 Aout 1914. au sein du 302e RI, Paul Germain participe à diverses batailles menées contre l’Allemagne entre le 05 aout 1914 et le 07 avril 1915 dont la bataille des Eparges :
La butte des Eparges et un mont des hauts de la Meuse haut de 345 mètres, long de 1100 mètres et large de 700 mètres, située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Verdun, en bordure des Hauts-de-Meuse. Nous sommes en pleine guerre d’usure, guerre des tranchées, où les soldats manient plus souvent la pelle et la pioche que le fusil.
A partir du 21 septembre 1914, les Allemands développent une forte organisation de blockhaus et de réseaux de tranchées sur la crête des Éparges. Malgré plusieurs attaques en début d’années 1915, La crête des Eparges était toujours aux mains des allemands. L’hiver n’aide pas les soldats qui doivent tenter de progresser dans les tranchées dans le froid glacial, la boue et la neige et l’odeur incessante de la mort qui les poursuit jour et nuit.

Cependant le haut commandement ne perd pas de vue son éternel objectif et, dès les premiers jours d’avril, donne à nouveau, l’ordre de s’emparer de la crête des Éparges.
Les opérations commencent le 5 avril et durent 4 jours, quatre jours de lutte et de souffrance. L’objectif assigné est le fameux point X qui était considéré comme la clef de la position à récupérer. C’est chose faite le 09 Avril, la crête des Eparges redevient français et le front se stabilise.
le 5 avril le 302e RI reçoit l’ordre de constituer au bois de la Selouze un approvisionnement de cartouches en vue d’une attaque au bois de Larmoville, à proximité.
Deux jours plus tard, à 16 heures, commence la préparation d’artillerie immédiatement suivie d’une progression des troupes française sous une rafale d’obus particulièrement violente.
Paul Germain JOUIN tombe sous le feu de l’ennemi alors que la colonne d’attaque gauche parvient jusqu’aux tranchées allemandes sans pouvoir s’y maintenir et que la colonne d’attaque de droite fait une persée sous le feu violents des mitrailleuses ennemies et une canonnade intense. Après avoir fait 300 mètre en avant dans la bois des Mélèzes, elle est immobilisée et doit se replier, ayant perdu plus de la moitié de son effectif.
Il ne faut pas croire que les combats vont cesser dans cette région ; bien au contraire, ils continuent jusqu’à la fin de la guerre, sans doute avec moins d’intensité mais, toujours, avec la même âpreté !
Comme l’a très bien dit un combattant des Éparges, le lieutenant Péricard : « Le brassier des Eparges ne s’éteindra plus jusqu’à la fin de la guerre » En même temps, la boue des Éparges, cette boue d’argile et peu à peu de chair putréfiée se révèle être un adversaire aussi implacable que l’homme. (Verdun. Librairie de France).
Les souffrances et les sacrifices des poilus de la 12e division en 1915, ne furent pas vains puisque, jusqu’à l’armistice, la crête des Éparges resta définitivement entre les mains françaises.
« Nous avons attaqué le matin, à l’arme blanche tant il pleuvait, tant la boue se creusait et montait, happant les hommes, collant aux armes, enrayant les culasses des fusils. Les nôtres se sont battus tout le jour, chassés à coup de grenades, revenant à l’attaque, chassés encore et revenant toujours. Ils se sont battus jusqu’à la nuit »
Paul Germain laisse une veuve à peine 1 an après son mariage, pas de descendant.
Devoir de Mémoire
Le 26 janvier 1922, est retranscrit son décès dans les registres de l’état civil de Châteaudun. On retrouve une trace de ses actions de soldat au journal officiel du 5 Novembre 1919 :

Pour une raison que j’ignore, son nom ne figure pas sur le monuments aux morts de Châteaudun.


La « Minute Familiale » :
Une réflexion sur “52S – 52A Semaine 26 : Paul Germain JOUIN”