52S – 52A Semaine 25 : Julien Léon JOUIN

52 Semaines pour nos découvrir 52 Ancêtres : 52 Poilus à l’honneur #52S52A

Introduction : https://aucoeurdupasse.com/2024/01/01/52-semaines-52-ancetres-nos-poilus-a-lhonneur/

Frère, oncle, amant mais aussi soldat … ça, si on avait pu l’éviter …

Benjamin d’une fratrie de neuf enfants, Julien Léon grandit dans l’environnement beauceron familial, rythmé par les journées de labeur de son père dans les fermes environnantes en tant que journalier et les tâches quotidiennes de la maisonnée.

Lors de son recensement militaire l’année de ses vingt ans, Julien Léon JOUIN, inscrit sous le numéro 136 de la liste du canton de Bonneval, est exempté pour arrêt de développement. En 1907, les services militaires le rappellent pensant qu’il avait été omis l’année précédente. A nouveau, il est exempté pour le même motif. La partie de son signalement physique est incomplète, car malheureusement, elle ne précise pas sa taille exacte.

Et tandis que la France vit les dernières années de ce qu’on appellera plus tard la Belle Epoque, l’ombre des conflits assombrit le ciel quand retentissent les sirènes d’alerte générale et que la mobilisation générale est déclarée.

Pourtant, Julien Léon doit repasser en commission avant de rejoindre ses camarades au front. Mais il est à nouveau exempté par le conseil de Révision du 07 décembre 1914.

Après l’enthousiasme mesuré et la résignation décidée des premières semaines, la lassitude s’est progressivement emparée des combattants, enfermés en plein air dans les tranchées, condamnés à l’attente – de la prochaine attaque, de la permission qui ne vient pas, du repas refroidi, de la lettre désirée, de la fin de la guerre… Les petits groupes de « copains » qui ne se connaissaient pas avant la guerre partagent la même expérience du feu et adoptent les mêmes rituels, inventant peu à peu un mode de vie parallèle dont les codes échappent pour une large part aux populations de l’arrière. 1917 ressemble à 1916, mais les combats font de plus en plus de victimes, la France manque d’hommes et fait donc appel à tous les hommes, même les exemptés.

C’est ainsi que Julien devient soldat au service armé du 102e régiment d’infanterie le 22 mai 1917, après la validation de son dossier par la commission de réforme d’Eure-et-Loir du 28 mars 1917. Mi-décembre, il passe au 22e régiment d’infanterie coloniale et il est aussitôt envoyé en Orient au début de l’année 1918 pour rejoindre le 54e régiment d’infanterie coloniale.

A la date du 1er septembre 1918, le régiment compte 146 sous-officiers, 200 caporaux et 1751 hommes. Les unités sont bien encadrées et se préparent activement à attaquer l’ennemi : les Bulgares. Dans la nuit du 1er au 2 septembre, le Régiment quitte son secteur, fait mouvement et se rend à Tersikop, de là, il remonte vers le nord par Dragomanci et Dolni-Vojak et vient relever dans le secteur de Grivitza le 12e Régiment Serbe. La troupe est ardente et est prête à tous les sacrifices pour obtenir la victoire.

L’objectif est fixe : la Crête de KRAVITCHI-KAMEN qui permet de reprendre possession du front d’orient.

15 Septembre 1918 5h 30 : L’artillerie se tait et le signal de l’attaque est donné. Les soldats partent à l’assaut de la montagne. La première rupture du front d’Orient est en train de se produire.

L’objectif du 54e RIC est sur cette photo : la plaine de Kravica et le Kravitchki-Kamen (le piton au fond). A 7h 45, ils ont conquis la plaine, mais ils se heurtent à une ligne de mitrailleuses bulgares.

Un peu avant 12h, les Bulgares contre-attaquent en descendant du Kravitchi-Kamen. La résistance est difficile. Une demande de renforts et de munitions est demandée par pigeon voyageur au PC de la 17e Division d’Infanterie Coloniale.

14h, l’ennemi est encerclé par 8 canons.

15h 45, après une ultime tentative des Bulgares qui tirent au ras du sol pour tenter de stopper les fantassins du premier bataillon du 54eme RIC en pleine progression, la victoire est française. Un drapeau tricolore apparaît au sommet du Kravitchi-Kamen le jour même à 21 heures.

Julien Léon est de ceux-là. Ce jour-là, « il a donné un bel exemple de sang-froid, d’esprit de sacrifice et de courage. Il a contribué par son ardeur au combat à repousser plusieurs contre-attaques bulgares ennemies malgré le bombardement d’une pièce tirant à courte distance. Il a su conservé pendant toute l’action, la confiance et la volonté de vaincre qui ont permis d’infliger à l’ennemi des pertes sérieuses. « 

A ce titre, il reçoit la Croix de guerre, étoile de bronze.

Le 54e Colonial a contribué pour sa part, à faire de la victoire des Alliés, en Orient, une victoire française du commencement jusqu’à la fin. Les exemples remarquables de courage, d’abnégation et d’héroïsme dont son histoire est remplie méritent d’être retenus et nous devons en conserver le souvenir.

De sa vie privée, officiellement, je ne sais que peu de choses. Journalier, il était avant la guerre, journalier et plus particulièrement vacher, il sera à son retour en Beauce. Ses lieux de vie sont très liés à ceux de son frère Jules Francois et sa belle-sœur Renée Florentine.

Par curiosité, j’ai fouillé les registres de recensements pour voir ce qu’il y était noté : 

En 1911, il habitait à Marboué rue du docteur Péan et Renée est déclaré comme femme. Mais femme de qui exactement ?

En 1921, ils habitaient Marboué, rue de la vieille route, avec toujours la même annotation. Il en est de même en 1926 à leur domicile du plessis à Marboué. Toujours pas de trace de Jules François en tant que mari et Chef de famille.

Mais en 1931, Renée apparaît comme concubine de Julien Léon.

Et cela semble se confirmer puisque Julien Léon a été dénoncé et a reçu une condamnation monétaire de 25 francs par le tribunal correctionnel de Châteaudun pour « complicité d’adultère », somme qui peut paraître énorme pour un simple journalier en 1921. 

Puis il fut amnistié par le procureur le 02 Novembre 1932. Malheureusement, nous n’en serons pas plus sur cette condamnation car les archives de Châteaudun ont brulé en 1940.

Il quitte le monde terrien le 17 Mars 1957 à Châteaudun.

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