#1Jour1Ancêtre – 15 Janvier -Génération 4 – Lignée KOCH
Comme dans toutes les familles, il y a des branches greffées qui bourgeonnent avec le temps et qui deviennent des membres de la famille, d’une manière tellement naturelle qu’au fil du temps et avec l’apparition des nouvelles générations, cette toute petite distinction disparait au point de ne plus exister.
C’est le cas de mes grand mères paternelles :
Si Arlette ANDRY est ma grand-mère génétique, biologique et généalogique, Thérèse KOCH est « LA » grand-mère paternelle que j’ai connue, dont j’ai des souvenirs et qui, depuis ma naissance est ma grand-mère. Non que je renie ma lignée ANDRY, bien au contraire, mais sans avoir de souvenir et de lien direct, il est difficile de se créer des repères et s’approprier une famille avec son caractère. C’est plutôt à travers mon arrière-grand-mère, mamie Simonne ANDRY que ce lien si profond s’est construit.
Le patronyme KOCH est très répandu en en Alsace-Lorraine. A l’est, ce nom correspond au métier de cuisinier (allemand « Koch »). Il existe de nombreux diminutifs et extension. Certains d’entre eux (Kochel, Kochli, Kochly, Köchli, Köchly, Koechlin) peuvent parfois correspondre aussi à des lieux-dits (moyen-haut-allemand « köche » = motte de terre).
Paradoxalement, chez nous, les KOCH sont normands !!
Il y a 92 ans, la première ligne téléphonique transatlantique entre la France et les États-Unis était ouverte : une inauguration officielle sensationnelle fut réalisée pour l’évènement.
Pendant ce temps-là, Gabrielle Blanche ROUSELLE épouse de Emile Augustin KOCH, alors âgée de 38ans, mettait au monde une petit fille le 15 Janvier 1928 à Lammerville, dans ce petit village de Normandie qui n’a que faire des discussions Paris-New York !

Ce bébé qui vient de pousser son premier cri, c’est Thérèse Madeleine, la benjamine d’une fratrie de 5 enfants. C’est notre grand-mère.
Mais revenons un peu en arrière.
Sa mère, Gabrielle Blanche ROUSSELLE, est originaire de Ry. Elle y ouvre pour la première fois les yeux et y pousse son premier cri le 13 mars 1890.
Elle y passe son adolescence et s’y marie le 04 Mai 1912 avec un domestique de Lammerville Emile Augustin KOCH, né le 07 Juin 1885. Il est décrit lors de son recensement comme un jeune homme aux cheveux et sourcils blonds, aux yeux châtains, avec le front bas, le nez moyen, la bouche moyenne, le menton rond, le visage ovale et mesurant 1,72 mètres.
Leur première fille voit le jour le 06 Mars 1913 à Lammerville où ils se sont installés : Sidonie Clémence Blanche.
Malheureusement, son enfance sera troublée par la déclaration de la première guerre mondiale. Elle verra son père partir au front et sa mère en larmes priant pour que son époux lui revienne sain et sauf. Gabrielle se privera surement pour offrir le peu de nourriture disponible à sa fille.
Emile Augustin fait son package comme tous les hommes aptes à partir au combat, il doit rejoindre son régiment, le 123eme où il est incorporé en tant que canonnier. Participant aux diverses campagnes contre l’Allemagne, il est cité à l’ordre du mérite du 123 -ème R.I comme étant un « très bon canonnier courageux et calme donnant toujours le bon exemple, s’est particulièrement distingué au cours des ravitaillements difficiles exécutés pendant les opérations du 1er au 22 septembre 1918 ».
Si on cumule tous ses états de service, Emile Augustin KOCH aura donné 4 ans 3 mois et 7 jours à la France. Mais il en reviendra. Dans quel état ? ça, nul ne le sait. Si physiquement, il ne semble avoir subi aucune blessure, les meurtrissures psychologiques peuvent être immenses.
1923 voit le retour des évènements heureux, la famille s’agrandit avec l’arrivée de jumeaux, René Emile Jules et Alice Angéline Gabrielle qui ont ouverts les yeux le 19 juillet 1923 à Lammerville. Sans le savoir, ces deux petits être ont dû ravir leur grande sœur, Sidonie déjà âgée de 10 ans. On l’imagine bien « jouer » à la maman et aider sa mère à la surveillance des petits.
Emile devient Charretier le 1er Juillet 1924 et agrandit sa famille : le 13 Mai 1925 d’abord avec l’arrivée de Guy Eugène Augustin et le 18 septembre 1926 avec la venue au monde de la petite Aliette Elisabeth.
Emile Augustin KOCH est libéré de toutes obligations militaires à la suite de la loi du 31 Mars 1928, article 58, étant père de 6 six enfants.

Thérèse grandit ainsi dans cette campagne normande, loin des problèmes des grandes villes, elle va à l’école, se prépare au certificat d’études.
Mais la Seconde Guerre Mondiale arrive et le cauchemar recommence. Tout comme la faucheuse, la peur et la souffrance s’installent dans le village et se cachent dans chaque recoin de rue.
Du 10 au 12 septembre 1944, les Alliés dirigent l’opération Astonia afin de libérer la dernière ville de Normandie encore sous le joug allemand : Le Havre. De nombreux ports sont dévastés mais les alliés progressent : L’Aigle est libéré le 22 août, Bernay le 24, Lisieux le 25, Rouen le 30 et Dieppe le 1er septembre.
Lammerville n’échappe pas aux bombardements. Il faut tenir bon. Toute la famille s’en sort sain et sauf, pour le bonheur de tous.
Puis vient le temps de la reconstruction du monde.
Thérèse devient quant à elle, une jeune fille ivre d’indépendance et de liberté. Elle exerce de nombreux petits métiers.
Elle sera pour un temps vendeuse sur les marchés Normands.

Puis elle prend la route de la capitale avec surement des envies de grande vie. En 1949, elle y sera employée dans une épicerie de marché comme Vendeuse.
Elle pleure la perte de son père Emile Augustin le 20 septembre 1949 à Bacqueville-en-caux. Sa mère Gabrielle reste un temps en Normandie, dans la rue des écoles à Bacqueville-en-caux. Puis elle rejoint Thérèse à Thiais. Elle nous quittera le 25 Mai 1982 à Thiais.

A Villejuif, vit Albert HOUEL, mon grand-père.
Il est séparé de sa femme, Arlette, après la perte de leur enfant. Il se retrouve seul avec mon père. Il tient bon pour ce bonhomme d’à peine 2 ans. Albert est entouré de ses parents Gustave et Marie Louise, qui l’aident à remplir sa tache de jeune père.
Albert travaille aux laiteries parisiennes depuis Décembre 1959.Thérèse y devient employée en 1960.
C’est donc là-bas, qu’ils se sont rencontrés. On peut imaginer aisément la suite de cette chronique : Thérèse l’a écouté raconter son histoire, elle est charmée par cet homme dont la vie n’est pas rose. Elle veut lui apporter un peu de gaité. Ils se côtoient, se cherchent et se trouvent. Ils partagent leur vie entre des petits logements et un emploi de conciergerie.
De leur histoire naitront mes tantes et mon oncle parrain.
26 Aout 1972 : devenu veuf, Albert HOUEL et Thérèse Madeleine KOCH se marient, leurs enfants sont ravis. Une nouvelle famille se construit au grand jour.

Voilà comment j’ai « hérité » d’une grand-mère.


Thérèse décède le 30 Octobre 2010 à Thiais après avoir chuté dans sa baignoire durant l’été 2003, chute qui lui a valu un hématome au cerveau et une perte incommensurable de sa mémoire.

(Extrait du livre « Au coeur du passé »)
Jolie histoire ; une grand-mère comme j’aurais aimé en avoir une.
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C est excellent Christelle très complet et bien documenté
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Merci beaucoup. C est le resultat d une fouille minutieuse de cartons de photos anciennes !
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