#ArrièreGrand-Mère, Lignée Jouin, Génération V, Sosa 21
Le défi trimestriel du groupe « De la généalogie à l’écriture » nous invite à raconter la vie d’une arrière-grand-mère. Malheureusement, avec tous les challenges de cette fin d’année, je n’ai pas pris le temps de me préparer à ce défi. Ce n’est pas faute d’avoir le choix parmi les arrière-grand-mères de notre généalogie, qui sont au total de 8 parmi celles de mon mari et les miennes. Je me devais de leur rendre hommage en participant à ce défi. Voici l’une d’elles :
La grand-mère « ROBINET » a usé deux « JOUIN ».
Drôle de titre, me direz-vous ! et pourtant cette réplique je l’ai entendu de nombreuses fois chez mes beaux-parents. L’histoire est faite de « on dit », la rumeur circule de génération en génération sans qu’on en connaisse pour autant réellement l’origine.
Je ne pouvais pas inscrire cette « grand-mère » dans l’ascendance sans me pencher plus précisément sur sa vie et comprendre cette réflexion familiale.
ROBINET Renée Florentine est née sous le patronyme LAGRUE, le nom de sa mère Rosalie Emélie, le 23 Novembre 1889 à Voves.
L’histoire de vie de Renée Florentine est étroitement mêlée à celle de son époux .
En 1905, elle rencontre Jules François JOUIN. On peut imaginer qu’il lui conte de belles histoires dans les bals de la région. Probablement a-t-il réussi à se faire embaucher dans la même ferme qu’elle, pour être à ses côtés. Il l’épouse le 20 Janvier 1906 à Bonneval. Renée Florentine est connu pour être une sacrée bonne femme avec du tempérament, il aime ça.
Puis l’horreur de la guerre frappe le peuple de plein fouet et Jules François n’y échappe pas ( nous aurons l’occasion de le retrouver prochainement dans un autre article). Malheureusement, il ne s’en remettra jamais de cette fichue guerre, qui continue de le hanter durant son sommeil. Désœuvré, n’a jamais vraiment remonté la pente infernale de l’alcool et du désœuvrement, la guerre l’a tué à petit feu et malgré tout il a continué à subvenir tant bien que mal à sa famille. Jules Francois est devenu aigri, solitaire. Être à la tête d’une grande famille l’importe peut-être peu ou il n’a pas le cœur à garder le sourire entouré d’enfants qui ont tant manqué d’un père. Son métier de journalier lui donne l’excuse de s’évader, pour vendre ses qualités d’ouvrier agricole dans toutes les fermes aux alentours, à la journée, avec un peu plus de chance, à la semaine ou au mois.
Apparaissant de temps à autre dans la maison familiale, il repart aussitôt à travers champs pour gagner de quoi nourrir sa famille qui s’agrandit à chaque fois qu’il partage le lit de la belle Renée !! Une sorte d’exutoire pour retrouver un peu de douceur de vivre.
Jules est officiellement le père de ses 12 enfants, Renée Florentine a 19 ans à la naissance de son premier enfant en 1908 et 44 ans au moment de la venue du petit dernier.
Dans chacun des actes de naissances des enfants que j’ai pu consulté, il est noté comme père ayant un domicile inconnu de la famille. Chaque déclaration, à l’exception d’une, est faite par son frère Julien Léon en tant qu’oncle du nouveau-né, la naissance de celui-ci ayant lieu, à chaque fois, à son domicile.
A travers les recensements, il est possible de connaitre la composition de chaque famille. Ainsi, on découvre que de 1911 à 1936, Jules François est inexistant au sein de sa famille, il n’est pas nommé.
En 1911, Julien Léon habitait à Marboué rue du docteur Péan avec Renée qui est déclarée comme femme. Mais femme de qui exactement ?
Dans la lecture du recensement il faut comprendre que le premier recensé est le chef de famille (de la maison), le second son époux(se) ou concubin(e), ensuite viennent les enfants et ensuite les autres membres de la famille. Donc serait-elle femme (concubine ?) de Julien Leon ?
En 1921, ils habitaient Marboué, rue de la vieille route, avec toujours la même annotation. Il en est de même en 1926 à leur domicile du plessis à Marboué. Toujours pas de trace de Jules François en tant que mari et Chef de famille.
Mais en 1931, Renée apparait comme concubine de Julien Léon.
Rien de tel pour lancer une rumeur au sein du petit village de Marboué.
Et les « On dit » vont vite : Les archives militaires, sous la fiche du matricule 1027, nous indique que Julien Léon a été dénoncé et a reçu une condamnation monétaire de 25 francs par le tribunal correctionnel de Châteaudun pour « complicité d’adultère ».
Quel motif surprenant !! Et pleins de questions surviennent : Qui est la fameuse concubine ? Qui les a dénoncé ? Jules François connaissait il les faits dénoncés ? Puis il fut amnistié par le procureur le 02 Novembre 1932. Pour quelle raison ? Malheureusement, ce mystère restera dans les mémoires de l’histoire familiale car comme nous l’avons découvert dans cet article https://aucoeurdupasse.com/2023/11/09/h-comme-histoire-petite-ou-grande/, les archives ont disparu.
Quant à savoir si les 12 enfants sont bien tous du même père… c’est et cela restera un grand mystère…surtout que les enfants JOUIN appelait souvent l’oncle Julien « papa » dans la vie quotidienne.
C’est ainsi que la rumeur familiale est devenue une légende généalogique. Et les patronymes formant une petite réplique humoristique n’est que pure coïncidence !!
Jules François JOUIN quittera cette vie meurtrie à l’âge de 50 ans le 16 juillet 1933. Son frère Julien Léon le rejoindra le 17 juin 1957
Renée Florentine fermera les yeux après 64 ans d’une vie tumultueuse le 11 Novembre 1954
Au Coeur du Passé 
Eh bien quelle vie ! Peut être se sont-ils rendus compte qu’elle n’avait pas épousé le bon frère, en tout cas le recenseur n’a pas cherché plus loin, elle portait le nom de famille JOUIN, habitait avec lui donc c’était sa femme et non sa belle-soeur, surtout si le vrai mari n’était jamais là
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