#GeneaSaint, Génération 6 , Sosa 32 et 33, Lignée PATY
A l’occasion de la Saint Auguste fêté le 28 Février, j’avais un choix impressionnant d’Auguste sur lesquels j’aurais pu parler. J’ai choisi de vous raconter l’histoire d’Auguste Aristide PATY et de son épouse.
La généalogie n’offre pas des histoires de familles comme un conte de fées. « Il se marièrent et vécurent heureux. » Non parfois, ce sont des drames qui se jouent au sein des chaumières.
L’arrière-grand-père paternel Isaie Aristide PATY, est né le 13 Mars 1887 à La Colombe dans le Loir et Cher, de Auguste Aristide PATY et de Marie Louise COURCIMAUX (ou COURCIMAULT, selon les documents). C’est ce couple, somme toute classique, qui me donne tant de mal pour reconstituer une petite branche de la famille.
Si leur acte de naissance n’a pas été difficile à situer et à retrouver, la suite de leur vie fut pour le moins tumultueuse pour l’époque.
Nous voici donc plongé dans le Loir-et-Cher entre 2 villages que sont Ecoman et La Colombe :
- Ecoman d’où est originaire Marie Louise COURCIMAUX, née le 09 Septembre 1862, fille ainée de Pierre Joseph COURCIMAUX et Marie Louise LORY. La seigneurie d’Ecoman a accueilli plusieurs familles de la fin du XII-ème siècle jusque vers 1780 avec le Marquis de Crémeaux d’Entraigues, maréchal des camps et armée du roi. Ecoman est désormais rattaché à la commune de Vievy le Rayé depuis 1971.
- La Colombe, petite commune d’environ 18km2, proche du parc naturel du perche, a vu naitre Auguste Aristide PATY en mars 1856, le Samedi 8 très exactement. Il est fils de Joseph Pascal (Paschal) et Marie Lescadie TOUCHE.

Chacun grandit au sein de familles paysannes, ni trop pauvres ni trop riches.
Innocemment, ils se rencontrent, peut-être à travers les foires et des marchés, qu’ils devaient très certainement sillonner pour le compte de leur patron, Auguste étant garde particulier et domestique. Marie Louise est, quant à elle, ménagère.
Agée de 23 ans, elle accepte de devenir sa femme le 22 Juin 1886 à Ecoman. Aussitôt apparaitra l’arrière-grand-père paternel Isaie Aristide.
En épluchant les tables décennales de la commune d’Ecoman, je découvre un autre enfant, un certain Alfred Léon PATY décédé le 26 Mars 1895, qui s’avère être le fils de ce couple tant recherché. Petite pierre à l’édifice toujours bancal de cette famille, ce petit homme n’aura vécu qu’un mois.
On tourne quelques pages et là … Jugement de divorce entre Auguste Aristide et Marie Louise en date du 06 Octobre 1895 !!
Le divorce, malheureusement de plus en plus courant de nos jours, était à une cette époque, très mal vu et devait être dument justifié pour être validé.
Sous l’ancien régime, le divorce était interdit, notamment en raison de la présence très forte de la religion catholique. Le mariage était ainsi indissoluble, la seule possibilité de dissolution était la nullité ou la séparation de corps.
En 1789, à la révolution tout est remis en cause, et en particulier le principe d’indissolubilité. La loi du 20 septembre 1792 autorise le divorce pour deux causes : soit le consentement mutuel soit par la volonté unilatérale d’un époux par incompatibilité des mœurs.
En 1804, le Code civil Napoléon va tempérer certains excès de la révolution, mais ne va pas pour autant supprimer le divorce. Il est autorisé, mais seulement par consentement mutuel ou pour faute de l’un des deux époux.
La Restauration sonne le retour de la monarchie et entraine la disparition du divorce par une loi de 1816. Seule la nullité ou la séparation de corps reste possible. Il faut attendre la loi « Naquet » du 27 juillet 1884 qui réintroduit le divorce dans le Code civil.
À partir de cette date, il ne disparaitra plus. Le divorce à l’époque était essentiellement un divorce pour faute, avec la notion de « divorce sanction ».
En mai 1968, la notion de « divorce sanction » est remise en cause, en donnant la possibilité à chacun des protagonistes de sortir d’un lien marital qui s’effrite et se casse.
La Loi du 11 juillet 1975 introduit en plus du divorce sanction, le divorce remède. Il existait ainsi trois cas :
- Consentement mutuel.
- Divorce pour rupture de la vie commune.
- Pour faute.
Nous revoilà en 1895, jour de mauvais présage pour ce couple, en pleine dispute intime, qui doit se présenter au tribunal pour démontrer leurs arguments à la cour afin d’obtenir de celle-ci le meilleur jugement possible.

Voici un extrait du document des archives du Loir et Cher et voici en substance ce qu’on peut y lire :
« L’an 1895 le 06/10 dix heures du matin nous DOUSSET maire officier de la commune d’Ecoman avons extrait et transcrit les passages suivants d’un jugement de divorce qui nous a été légalement signifié : Le tribunal civil de première instance de Blois a rendu le jugement dont la teneur suit entre Auguste Aristide PATY et Marie Angéline COURCIMAULT sans profession, épouse de PATY Auguste Aristide avec lequel elle demeure de droit à la Gahandière commune de la colombe et de fait autorisée à demeurer chez son frère Mr COURSIMAULT demeurant à Ecoman… Le tribunal au nom du peuple français usant des pouvoirs qui lui sont conférés par la loi après avoir délibéré jugeant en premier ressort, par les motifs invoqués prononce le divorce entre Mr Auguste Aristide PATY et Madame Marie Angeline COURSIMAULT ou COURCIMAUX au profit du mari… le délai de la loi et sus le …de la signification du présent jugement l’officier de l’état civil de la commune d’Ecoman sera tenu de le transcrire sur les registres de l’état civil et d’en opérer la mention en marge de l’acte de mariage des époux PATY quoi faisant décharge et attendant que le divorce emporte dissolution de la communauté. Renvoie les parties à se pourvoir devant Me DUTRY pour la liquidation de leur communauté et de leurs droits … Me DUTRY, notaires à Verdes et de Me Jayavay, juge en ce siège, en cas de difficultés. Dit que le sieur PATY conservera la garde et l’éducation de l’enfant né du mariage le 13 mars 1887 prénommé Isaïe Joseph et s’il ne l’a déjà sera autorisé à le reprendre et à se le faire remettre même avec l’assistance de la force armée ordonne de ce chef l’exécution provisoire du présent jugement… FORCADET huissier à Ouzouer le marché pour signifier le présent jugement à la défenderesse défaillante, condamne la femme PATY aux dépend dont distraction sera fait au profit de l’administration de l’enregistrement et des domaines, ainsi fait et jugé à l’audience publique, président du dit tribunal, chevalier de la légion d’honneur…
Ainsi donc le couple s’est séparé après le décès du petit Alfred, et Marie Louise a pris refuge chez son frère à Ecoman. Triste histoire familiale dont on ne sera jamais les raisons et les états d’âme de chacun qui ont fait que ce couple s’est déchiré.
La perte d’un enfant peut s’avérer douloureuse à vivre et peut conduire à la destruction complète de la famille.
Les recherches se poursuivent afin de savoir comment ils ont vécu cette séparation, comment ils ont poursuivi leur vie, chacun de leur côté.
Extrait de mon livre Au Coeur du Passé
« sur lesquels j’auraiS pu parler » si vous me permettez …
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